Economie circulaire et Coronavirus

La crise du COVID-19 a mis en lumière «Le scandale des délocalisations » pour reprendre le titre d’un livre d’Eric Laurent de 2011. Dans cet ouvrage, l’auteur expliquait comment une quête du profit à court terme a conduit à délocaliser emplois et appareils de production stratégiques dont la R&D surtout en Chine et en Inde. En effet, cette crise a montré au monde entier comment l’Occident s’est ridiculisé en délocalisant la production de masques et de respirateurs, productions stratégiques en période de pandémie. Au-delà de ces 2 produits qui ne sont que la pointe de l’iceberg, il s’agit de réfléchir sur les avantages d’une relocalisation de certaines activités, non seulement à forte composante technologique, mais vitales à la cohésion de la communauté, surtout en période de crise.

Gros titres mondiaux sur Genève la ville riche aux pieds d’argile

L’association « Caravane de la Solidarité » a livré aux personnes dans le besoin 2’600 colis de 20CHF au 16 mai et cela chaque samedi à la patinoire des Vernets à Genève. D’abord choquant les Genevois, de cette misère que certains voulaient glisser subtilement sous le tapis, cette crise du Coronavirus a montré au monde entier le paradoxe de cette ville riche de la finance et du trading, paradoxe mis en lumière par un certains nombre de grands journaux de divers pays. Ainsi, dans une des villes les plus riches du monde, des dizaines de milliers de travailleurs pauvres existaient ou avaient perdu leur emploi à cause du Coronavirus ou n’arrivaient plus à joindre les 2 bouts à cause du chômage partiel induit par la crise suite à la fermeture des entreprises. Ces journaux étrangers firent les gros titres sur ces queues de plus d’un km devant la patinoire des Vernets chaque samedi, rejoints par la Caravane de la Solidarité également à Nyon. Mais ces même pays sont dans une situation bien pire. De ce fait la réflexion sur le monde d’après doit être globale.

Régionalisme et écologie

Ainsi, une vague de faillites s’annonce dans les commerces, en Suisse, en France et partout dans les pays touchés de plein fouet par les fermetures durant le pic de la crise de la pandémie. Le plus fort taux de défaillance d’entreprises serait aux Etats-Unis avec +39%. Les chiffres étant de début avril, au moment où nous publions cet article, la situation s’est empirée.

En Suisse, une pétition a réuni plus de 60’000 signature sous le nom de « l’Appel du 4 mai ». Elle demande que les politiques œuvrent pour une reprise économique plus sociale notamment en « valoris[ant] les professions qui se sont montrées essentielles en ces temps de crise » et en « souten[ant] les oubliés des programmes de soutien « COVID » (« petits » indépendants) ». Sur le volet d’une reprise « plus locale », l’Appel du 4 mai appelle à « favoriser les circuits courts » et « réduire les dépendances internationales (alimentation, produits médicaux, etc.) ». Enfin, au niveau d’une reprise « plus écologique », la pétition demande de « conditionner les soutiens à des activités économiques durables ».

La Suisse dépendant à plus de 40% de ses exportations et ayant toujours prospéré grâce au libre-échange (marché intérieur insuffisant, ressources naturelles presque inexistantes, d’où l’importance des services comme la finance et les assurances), il est illusoire à notre avis que la dernière demande soit entendue (« conditionner les soutiens à des activités économiques durables »). Certaines entreprises, qui font vivre des régions entières sont indispensables à la survie de l’emploi local mais ne sont pas entièrement ou pas du tout impliquées dans des « activités économiques durables ». Cela car leur business model ne le permet tout simplement pas, ce qui n’a rien à voir avec de la cupidité. Il s’agit donc de faire la balance entre les aspects économiques, sociaux et écologiques.

Fonctionnement du protectionnisme sélectif

Cela étant dit, les économistes ont constaté des taux de chômage extrêmement bas dans les pays ayant appliqué un protectionnisme intelligent, bien entendu des taux d’avant le Coronavirus : Etats-Unis, Australie, Canada. Il ne s’agit pas de fermer les frontières mais de relocaliser là où cela est possible et de privilégier les compétences et l’emploi local comme nous l’expliquons sur notre page consacrée aux éco-villages. Cette relocalisation permettrait de contrôler plus efficacement les flux de matière et d’énergie à l’échelle d’un territoire. En évaluant leur impact sur les écosystèmes, il s’agira de parvenir à terme à une empreinte écologique très inférieure.  

Durant le discours sur l’état de l’Union le 4 février 2020, Trump annonçait le plus bas taux de chômage depuis 50 ans avec seulement 3.5% (chiffres de décembre 2019). La suite on la connaît, le Coronavirus et sa propagation via une mondialisation débridée a détruit des années de politiques économiques de protectionnisme et de relocalisations. Néanmoins, Trump qu’on l’apprécie ou qu’on le déteste, reste un fin stratège, ayant comme livre de chevet l’Art de la Guerre de Sun Tzu : en nationalisant la Réserve Fédérale, il se trouve que 2/3 des Américains tombés au chômage à cause de la pandémie, reçoivent plus d’argent que s’ils travaillaient. Par conséquent, relance de la consommation et du tourisme intérieur.

Relocalisations grâces aux innovations technologiques

La relocalisation peut également se faire grâce à l’avantage compétitif axé sur l’innovation technologique. Ainsi, les robots et les imprimantes 3d (en l’occurrence sur notre site « imprimantes 3d de construction ») que nous détaillons sur nos pages, permettent de moins dépendre des pays éloignés à faible coûts de main d’œuvre comme la Chine et donc de relocaliser une partie de la production. Même si on nous objectera que ces technologies réduisent le nombre de maçons nécessaires pour construire une maison, le processus de « destruction créatrice » créé de nouveaux emplois. C’est aux politiques de voir si des taxes sur la robotisation sont nécessaires ou pas. On a dit la même chose lorsque les voitures au début du 20e siècle ont mis au chômage les conducteurs de calèches. Le capitalisme c’est l’innovation et la prise de risque. Néanmoins, cette innovation doit se faire en respectant au maximum l’emploi local et en trouvant des compromis entre profit (à court et à long terme), responsabilité sociale des entreprises et développement durable.

En conclusion, cette crise a montré que les délocalisations débridées ne sont plus possibles. Il faut commencer à introduire des éléments d’économie circulaire dans le capitalisme. En clair, une dépendance absolue vis-à-vis des ateliers du monde comme la Chine n’est plus viable, même s’il est clair, il est utopique de vouloir par exemple créer un smartphone compétitif 100% Swiss made (« terres rares » disponibles principalement en Chine et République Démocratique du Congo). Cependant, des enquêtes auprès des consommateurs ont montré qu’un nombre croissant de consommateurs sont prêt à payer beaucoup plus pour avoir des fruits et légumes locaux dont des tomates qui ont du goût et suffisamment de vitamines. Car un reproche revient souvent de la part des consommateurs contre certains grands distributeurs : manque de goût et de vitamines dans les fruits et légumes vendus.